mardi 9 juillet 2013

Moralisation de la vie politique : un projet de loi sera adopté avant l’été pour stopper les "ripoux" de la politique


« Les politiques sont comme les chevaux, ils ne peuvent marcher droit sans œillères. » de Anatole France


Il sortira peut-être du bon de l’affaire Cahuzac, en tout cas je l’espère et je pense d’ailleurs que pour une majorité de Français, aussi.



Entre parenthèses, une confirmation sur un personnage lié à l’affaire de la fraude fiscale de l’ancien ministre au Budget, Jérôme Cahuzac, se profile à l’horizon.

L’ex-membre de l’extrême droite, le GUD, proche de la présidente du Front national, Marine le Pen, et ancien avocat, Philippe Péninque, dont les montages fiscaux faisaient partie de son domaine d’action et tout particulièrement une de ses spécialités consistait à établir des "relations financières avec l’étranger". En clair ce qu’il faut comprendre, il a été un avocat spécialisé dans "l’évasion ou la fraude fiscale des clos blancs".
Selon le Monde, c’est Philippe Péninque "qui, en 1992, a ouvert à la banque UBS un compte dont l’ayant droit économique était M. Jérôme Cahuzac, a-t-on appris de source proche de l’enquête. Ce n’est qu’en 1993 que ce compte a été récupéré en nom propre par l’ancien ministre, via la société financière Reyl and Cie, basée à Genève, qui ne possédait alors pas de licence bancaire. (…)".
Un projet de loi bientôt posé sur la table de l’Assemblée nationale
C’est le 24 avril, au conseil des ministres, que sera présenté un projet de loi sur la moralisation de la vie politique, promis par le Président Hollande, à partir duquel, des mesures devront être débattues avant l’été à l’Assemblée nationale.
[... Le gouvernement souhaite "assurer la transparence complète sur les patrimoines des responsables politiques et des collaborateurs des ministres du président de la République et du Premier ministre", écrit Matignon. Le projet de loi devra aussi "sanctionner plus sévèrement les manquements à la loi en matière financière et aux règles de déontologie et de probité, et renforcer la lutte contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux". Toutes ces mesures feront l'objet d'une communication le 10 avril. ...]
Plus précisément, des mesures, dites sévères, pour garantir non seulement la transparence, mais aussi le respect de la loi et la probité.
Ces mesures qui seront mises sur la table traiteront des questions telles que "La fin du cumul des mandats, la transparence totale sur les patrimoines, la traque des conflits d’intérêts, la lutte contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux".
"Dans l’immédiat les déclarations de patrimoine de tous les membres du gouvernement seront publiées d’ici le 15 avril", a déclaré dans un deuxième temps le Premier ministre,Jean-Marc Ayrault.
Cette première proposition a été, depuis, anticipée par de nombreux ministres ou élus.
C’est le cas pour "plusieurs dirigeants et cadres d’Europe Écologie-Les Verts, (EELV), dont les ministres Cécile Duflot et Pascal Canfin, devaient publier lundi (prochain) leur patrimoine".
Ou bien comme "la ministre PS déléguée en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, Marie-Arlette Carlotti, a quant à elle publié sa déclaration de patrimoine sur son blog".
Egalement, faut-il le souligner, à droite, "l’ancien ministre UMP Laurent Wauquiez a publié dans Le Journal du dimanche l’état de son patrimoine au 31 mars".
François Fillon, ancien Premier ministre, invité hier soir au JT de France 2, a tenu, à mon gout, un double langage sur la moralisation de la vie politique. Bien qu’il se soit résolu à publier prochainement l’intégralité de son patrimoine, tout en admettant ne pas apprécier ce "voyeurisme".
En outre, il a affirmé que la France "n’a pas besoin d’un projet de loi sur la moralisation de la vie politique".
[... "Je récuse l'expression de moralisation de la vie politique, je récuse l'idée que les hommes politiques soient tous corrompus, comme on essaie en ce moment de le faire croire. Et je dis à François Hollande que l'attitude qu'il a choisie n'est pas une attitude de chef. Ce n'est pas une attitude de président de la République", a-t-il poursuivi. ...]
Comment peut-il récuser l’idée même d’un projet de loi qui consistera à rendre plus transparent la vie politique de nos élus ?
Alors comment pourra-t-on purifier la République de ses "ripoux" ? Si on n’instaure pas de règle ? Laquelle devra passer obligatoirement par une loi ou plusieurs mêmes s’il le faut, et tous devront, Sénat comme l’Assemblée nationale, s’y référer à la lettre et la respecter sous peine de sanction.
Que répond François Fillon à ces 77% de Français qui estiment que les élus et les dirigeants politiques sont "plutôt corrompus", alors qu’ils étaient à 69% en octobre 2011 et à 64% en décembre 2010 à le penser, selon un sondage OpinionWay Le Figaro-LCI.
Regardez en Suède, un des pays les plus stricts ayant adopté depuis belle lurette la "tolérance zéro", avec cette ministre socialiste, Mona Sahlin, qui a été obligée, en 1995, de démissionner de son poste, après avoir utilisé la carte bancaire de fonction pour effectuer des achats personnels, lesquels ont été estimés à 5 000 euros, alors que cette carte bancaire lui avait été alloué pour payer ses frais inhérents à sa fonction. Bien qu’elle ait remboursé après coup, elle n’a pas échappé à la sanction du peuple.
Comme pour les délinquants de la route, la République ne se gêne pas d’installer des radars flashant les excès de vitesse ou le franchissement des feux rouges… hé bien, les Français demandent la même chose à la République et à ses élus, à savoir, d’installer des "radars anti-ripoux", grâce auxquels ils permettront un bon nettoyage de printemps.
Quant à Jean-François Copé, il attend la loi pour publier la déclaration de son patrimoine… bizarre cette posture ? L’auteur de ces mots : "Tu comprends, si on n’a ici que des gens qui se contentent de 5.000 euros par mois, on n’aura que des minables"" aurait-il des choses à cacher ? Ou va-t-il, alors que la loi n’ait pas encore adopté, se précipiter à rendre sa déclaration plus clean ou plus conforme à la nouvelle législation ?
Que devient le référendum ?
BHPolbXCYAANVX7Bien que je regrette que le Président Hollande n’ait pas retenu la proposition du référendum – sur les sujets tels que "le cumul des mandats ; le contrôle du patrimoine des élus, ou encore l’incompatibilité entre les tâches de lobbying et la fonction d’élu…" -, proposé notamment par le Premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, aurait été un grand geste, une main tendue vers les Français.
Qui en les consultants, il aurait donné aux Français l’occasion de pouvoir s’exprimer, lesquels en auraient profité pour donner le la à ces hommes et femmes politiques. Sachant que certains d’entre-eux ont pris les institutions publiques comme d’un bon moyen de "s’engraisser" sur le dos du peuple, d’une telle sorte qu’ils en menacent même notre démocratie.
Tout autant, le Président aurait permis de restaurer la confiance des Français, sachant que ces derniers, et j’en fais partie moi-même de plus en plus, ont une vision et une perception très critique des élus, si bien que la qualification de "tous pourris" a pris de plus en plus de l’ampleur.
Alors que certains d’entre eux ont mis à mal cette confiance depuis bien avant l’affaire Cahuzac, laquelle a été la grosse goutte qui a fait déborder le vase déjà bien plein et fût un bon et salutaire électrochoc, foudroyant la classe politique, toutes couleurs confondues.
En revanche, dire, que la fraude et la cupidité touchent qu’un seul parti politique ou qu’une seule et unique couleur, ait tout simplement démagogique. Bien au contraire elles gangrènent, tel un cancer, la classe politique dans son ensemble et toutes couleurs confondues.
Alors, devant toutes ces raisons et j’en ai pu en oublier d’autres certainement, je comprends aussi pourquoi M. Hollande n’a pas retenu le principe de consultation démocratique qu’est le référendum.
Vu qu’à notre époque l’air y est délétère ce qui le rend très toxique.
On peut en déduire que cela aurait donné l’occasion à l’opposition d’utiliser cet outil démocratique à des fins politiciennes et bien entendu en prenant le peuple en otage, qui lui souhaite des choses concrètes et visibles. C’est dire qu’avec cet outil démocratique l’opposition aurait tenté de le transformer en une comédie de série B, du tous contre Hollande.
On l’a entendu hier soir sur le plateau de Mots Croisés de France 2, le député Umpiste, Laurent Wauquiez se montrant favorable pour le référendum, or sa volonté première n’est pas de calmer la colère du peuple face à ses élites, mais uniquement de monter le peuple contre le président Hollande.
La posture de l’UMP est quand même d’une hypocrisie sans nom.
Alors qu’ils étaient majoritaires au gouvernement précédent de Fillon sous M. Sarkozy, n’est-ce pas eux qui ont enterré le rapport rédigé notamment par Jean-Marc Sauvé ?
Certes ledit rapport n’était pas des plus parfaits, mais cela aurait été tout de même un bon début. Bien que ce rapport ait ouvert la possibilité d’un projet de loi, celui-ci n’a jamais été inscrit à l’ordre du jour du Parlement. Et pourquoi ?
C’est à croire que l’opposition ne veut pas assainir la classe politique.
C’est l’occasion unique et rarissime d’entrer dans l’Histoire pour le président Hollande
Dans le but ultime que quelque chose de bon sorte de l’affaire Cahuzac, le président Hollande sera-t-il à la hauteur de l’enjeu démocratique ? Aura-t-il le courage politique d’aller de l’avant ?
De toute façon on aura tout intérêt à ce que les choses changent en profondeur.
L’affaire Cahuzac se terminera-t-elle par l’adoption de mesure phare ? Comme le cumul des mandats, par exemple. Or, de nombreux élus députés ou sénateurs, toutes couleurs confondues, ne veulent pas en entendre parler. En clair, ils ne veulent pas perdre leurs privilèges.
C’est ce que pense et espère Virginie :
[... Il est bien évident que si l'actualité offre une occasion rarissime, historique, de prendre des mesures qui changeraient fondamentalement la politique et la société, il n'est pas dit qu'elles seront prises... J'attends de voir si Hollande sera au rendez vous que lui donne l'Histoire. C'est une occasion unique pour un Président, de pouvoir montrer qu'il est digne de rentrer dans la grande histoire de la France, de l'Europe, du monde. Mais bon sera-t-il à la hauteur ?.....wait en see. ...]
Ou comme celle de la tribune publiée chez Marianne : "« L’évasion fiscale ? La voilà, notre Bastille » !", qui est signée par trois personnalités publiques : le député socialiste et président du conseil général de l’Essonne, Jérôme Guedj ; l’animateur socialiste du courant, "Maintenant la gauche", Emmanuel Maurel et l’essayiste et journaliste Renaud Chenu.
[... L’histoire nous sert sur un plateau d’argent un scénario rêvé. Nous pouvons prouver à tous ceux qui attendent de nous le redressement du pays, qui espèrent que nous fassions de la France le lieu où se nouera la contre-offensive à la plus formidable entreprise de déstabilisation de l’Etat providence qui se sert de la crise comme prétexte, nous pouvons leur prouver, enfin, que le 6 mai ne fut pas un malentendu, que le retour de la gauche au pouvoir dans ce pays peut correspondre à un véritable basculement.
Le moment est dramatique ? C’est donc maintenant qu’il faut l’écrire, ce roman du rêve français, de la République retrouvée, du rétablissement des valeurs auxquelles nous croyons. C’est dans la tempête qu’on mesure la valeur des capitaines ? Alors allons-y, tous sur le pont !
L’évasion fiscale est un acte félon pour le citoyen, c’est un crime de lèse vivre ensemble, une outrance à la première des dignités collectives : la volonté partagée de nous construire un destin commun, de nous élever au dessus des barbaries quotidiennes produites par l’égoïsme. Un récent livre très documenté d’Antoine Peillon affirme qu’il manque 600 milliards à la France ? La voilà, notre Bastille ! Et tout cœur français sait ce qu’il a à faire face à la Bastille. Chaque époque a la malice de nous désigner ses Bastilles. Etre au rendez-vous de l'Histoire consiste à les prendre...
Une bonne nouvelle dans ce bordel. Le projet « Offshore leaks ». Il vient comme une main tendue à ceux qui cherchent à sortir par le haut de cette séquence politique détestable. Il désigne les cibles. Honorable et salutaire travail. C’est là le rôle des journalistes d’investigation qui ont fondé ce collectif à la manière des groupes de scientifiques qui mettent en commun et en réseau leurs moyens et leurs connaissances pour trouver des solutions aux problèmes de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. (...) ...]
Espérons que le Président Hollande s’en inspire…














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