
Jacob et Copé ont-ils voulu blanchir les députés fraudeurs ?
Par Julien Martin | Rue89 | 22/12/2010 | 17H03
Christian Jacob et Jean-François Copé (Audrey Cerdan/Rue89).
« C'est un suicide politique en direct ! » Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne, ne mâche pas ses mots à l'endroit de Christian Jacob et Jean-François Copé. Le nouveau président du groupe UMP à l'Assemblée et son prédécesseur ont tenté de s'opposer à l'incrimination de la fausse déclaration de patrimoine par un député.
Pourquoi ont-ils pris le risque d'une légitime impopularité ? « Ça, je ne sais pas, il faut leur demander… » soupire l'élu souverainiste. Si Jean-François Copé se cache, Christian Jacob a fait lui le tour des micros et des caméras pour tenter de s'en expliquer. Sans convaincre. La tentative, même infructueuse, n'a pas manqué de choquer, jusque dans les rangs de la majorité.
Le fait est rare et le baptême particulièrement ardu pour Christian Jacob. Pourtant soutenu par le désormais secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, son amendement a été sévèrement contesté par les députés UMP qu'il est censé diriger. Il faut dire que la raison de son dépôt demeure pour beaucoup un mystère.
Dans l'état actuel du droit, un député qui oublie de faire sa déclaration de patrimoine est sanctionné ; pas celui qui en fait une, mais fausse. Pour y remédier, la commission des lois de l'Assemblée a ajouté le 8 décembre un article au projet de loi organique relatif à l'élection des députés : le député qui omet « sciemment » de déclarer une partie de son patrimoine ou fournit « une évaluation mensongère » pourra se voir infliger par la Commission pour la transparence financière de la vie politique (CTFVP) 30 000 euros d'amende, une peine d'inéligibilité et deux ans de prison.
Ce consensus trouvé par la commission des lois, composée de députés de la majorité et de l'opposition, a volé en éclat dans la nuit de lundi à mardi lors de l'examen du texte dans l'hémicycle : Christian Jacob, appuyé par Jean-François Copé, a présenté un amendement demandant la suppression dudit article.
Tollé dans les rangs de l'opposition, mais aussi de la majorité. Suspension de séance et réunion de crise du groupe UMP. Un compromis est au final trouvé : l'infraction est maintenue, mais expurgée de la peine de prison. Sans que la polémique ne soit éteinte pour autant.
« C'est d'une telle stupidité que c'est choquant »